Historique
Au Salon de 1859, Théophile Gautier remarque dans les têtes de deux chiens d’attaque de la vénerie de l’Empereur, Merveillau et Rocador, des “physionomies d’une individualité frappante”, “des portraits non pas parlants mais aboyants”. L’emplacement actuel de ce tableau , diffusé en lithographie par la maison Goupil, n’est pas connu. Aussi est-il intéressant d’en posséder, au musée de la vénerie, une version fragmentaire, sans doute une étude pour l’oeuvre achevée. Le caractère athlétique du chien courant, son flair exceptionnel en font l’acteur principal de toute chasse à courre, digne d’être portraituré comme le serait un être humain. C’est la raison pour laquelle Jadin concentre son tableau sur la tête de l’animal, peut-être le plus valeureux de la meute puisque selon A. de La Rüe, le jour de la Saint-Hubert, “ on attachait au cou du plus vieux, du meilleur des chiens, une cocarde de rubans aux couleurs nationales.” Le ruban que porte Rocador est ici aux couleurs de l’équipage impériale, rouge et vert. Il a l’oreille haute et attachée des chiens rapides venus d’Angleterre.On sait en effet que le prince-président composa sa meute à partir de quarante chiens anglais que lui céda le marquis de l’Aigle. En peignant des individus de la meute royale, désignés chaque fois par leur nom, Desportes et Oudry ont ouvert la voie à Jadin qui est leur successeur dans la représentation des chasses officielles. B.O.