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Découplé de l’équipage Picard Piqu’hardi en forêt de Compiègne aux Mares-de-Jaux

Auteur

PARQUET Gustave

Dates de l'auteur

Beauvais, 1826 ; Paris, 1908

Titre

Découplé de l’équipage Picard Piqu’hardi en forêt de Compiègne aux Mares-de-Jaux

Datation

1890 entre ; 1893 et

Matériaux et techniques

peinture à l'huile, toile

Dimensions

H. 1,64 ; L. 2,94 m

Inscriptions

S.b.d. : Gustave Parquet

Lieu de conservation

Musée de la Vénerie

Statut

propriété de la commune ; Senlis ; Musée de la Vénerie

Numéro d'inventaire

V.2000.16.1

Historique

Les membres de l’équipage arborent une tenue bleue à parements ventre-de-biche pour les maîtres, rouge pour les hommes. Deux invités se distinguent par une tenue à l’anglaise. Selon son biographe (Valroger de, p. 63), Gustave Parquet serait devenu en 1865 le suppléant de Gustave Jadin, malade, au poste de peintre de la vénerie impériale. Peintre équestre, de formation autodidacte, il est moins connu que son prédécesseur, mieux introduit dans les milieux artistiques et littéraires. Sa peinture, aussi claire et fine que celle de Jadin parait sombre et empâtée, est aujourd’hui peu fréquente à la cimaise des musées comme sur le marché de l’art. En 1868, Parquet expose au Salon le Rendez-vous de la vénerie impériale, qui réunit, comme celui de Jadin (1854, Compiègne, musée national du château), les officiers de l’équipage dans la posture convenue de l’écoute du rapport. L’étude préparatoire du musée de la Vénerie ne permet pas de distinguer les traits du grand veneur, Edgard Ney, prince de la Moskowa, et de ses lieutenants, le baron de Lage, les marquis de Toulangeon et de La Tour-Maubourg, identifiés par le commandant Parquet, fils de l’artiste, sur l’œuvre achevée. Cette composition officielle, dans la lignée du célèbre tableau d’Oudry, Louis XV assistant à l’hallali dans les étangs de St-Jean-aux-Bois (Toulouse, musée des Augustins), témoigne de la volonté impériale de remonter une vénerie aussi grandiose que celle des monarques de l’Ancien Régime. La capitulation de Sedan met un terme à la brève carrière de Parquet au service de l’Empereur dont le musée de Compiègne conserve différents témoignages (portraits équestres de petit format du baron Lambert, de la comtesse d’Heursel, du Prince impérial et de Joachim Murat ; Découplé et Relais de la vénerie impériale, Valets d’écurie et chevaux aux Beaux-Monts). « Elevé dans le goût du cheval et des sports par son beau-père, M. Côme, garde du corps de Charles X, puis colonel des gardes nationales de l’Oise » (Valroger, p. 63), Parquet donne au sujet équestre une place centrale dans son œuvre : portraits de chevaux seuls ou avec cavaliers, rares chevaux de course et compositions cynégétiques. Relais de chevaux de la vénerie impériale devant Pierrefonds représenterait Louis, le piqueur des écuries, conduisant les chevaux de l’équipage de Napoléon III. Ceux des hommes étaient de modèle irlandais, « amples et bien membrés », selon Valroger (1948, p. 72). La même source indique que les officiers de vénerie et les piqueurs en possédaient chacun trois, les valets de limier à cheval, deux, les valets de chien à cheval, un. L’Empereur, quant à lui disposait pour la chasse de 14 chevaux de selle, des purs-sang et l’impératrice, dix-huit. A l’arrière-plan, les ruines du château de Pierrefonds constituent l’un des motif emblématique de la peinture de paysage au temps de Napoléon III, qui confia sa restauration à Viollet-le-Duc en 1858. En bas à gauche, un gamin agenouillé avec ses chiens observe les chevaux de l’Empereur. Ce détail nous rappelle par un clin d’œil la dimension spectaculaire de la vénerie des souverains. En dehors du Rendez-vous de la vénerie impériale, qui représente une scène officielle, Parquet dépeint des aspects plus anecdotiques de la vie de l’équipage de Napoléon III. Dans Valets d’écurie promenant les chevaux aux Beaux-Monts (Compiègne, musée du château), Cheval de relais mené par un valet et Relais de chevaux de la vénerie impériale devant Pierrefonds (Senlis), il rompt avec la vision romantique du monde équin à la Géricault ou à la de Dreux qui privilégie la vitesse et l’action pour lui préférer les temps de repos ou de préparation. A la chute du Second Empire, Parquet se trouva « en butte à une certaine malveillance qui le dégoûta de continuer à envoyer ses œuvres dans les salons officiels. Au lieu de les voir comme sous l’Empire, placées à la cimaise ou admises à l’honneur du salon carré, elles étaient accrochées aux places les moins favorables. Aussi de 1871 jusqu’à sa mort n’exposa-t-il plus que seize fois et seulement des œuvres de moindre importance ou des aquarelles». (Valroger, p. 78) Parquet s’adapte néanmoins à la situation politique qui met fin à son activité de peintre de la vénerie impériale. Les équipages privés reprennent à leur compte le faste des tenues, l’entretien des chenils et écuries qui incombaient jadis aux princes et souverains. Parmi les commanditaires de Parquet pendant cette deuxième phase de sa carrière se distinguent le marquis de Talhouët, le prince Murat et les vicomtes de Chézelles qui, sur deux générations lui commandent des représentations du rallye Picard Piqu’Hardi, notamment un Rendez-vous (salon de 1870, loc. inconnue) et le Découplé du musée de la vénerie. Ce tableau témoigne du maintien des rites de la chasse à courre malgré le changement de régime. Les membres de l’équipage arborent une tenue de couleur spécifique, bleu à parement ventre de biche pour les maîtres, rouges pour les hommes et piqueux. Deux invités se distinguent par une tenue à l’anglaise, redingote rouge et chapeau haut-de-forme, dont la mode s’est importée en France dès la fin du XVIIIe siècle. A l’avant-plan, des élégantes en costume de ville rompent le code vestimentaire de la vénerie et donnent une note IIIe République à ce tableau. L’ensemble s’apparente à la photographie d’une réunion mondaine prise sur un fond de paysage reconstitué. Avec ses personnages en silhouette, elle évoque une scène de ces théâtres d’ombre, en vogue à la fin du XIXe. Plutôt que la dimension sociale de la vénerie, beaucoup des tableaux de salon, ceux de Gélibert, Busson ou Tavernier, préfèrent les scènes d’hallali inspirées du courant naturaliste ou encore, la reconstitution historique (chasses en costume). B.O.