Historique
Devenu célèbre, Couture a été accusé de recourir à des sujets faciles. Oeuvre de sa maturité, cette allégorie de la noblesse prouve le contraire. Sentencieuse, elle évoque cette caste au statut incertain mais toujours désirable, opposée, sans qu’ils ne soient nommés sur l’inscription, à la bourgeoisie et au peuple. Du haut de son trône, adossée à une épée et accompagnée d’un gamin narquois, une femme au torse cuirassé regarde avec dédain les offrandes qui lui sont offertes. Parmi les bras tendus se trouvent les symboles des arts menottés qui illustrent sans doute l’oppression des artistes. La liberté du créateur constitue un thème cher à Couture. Les formes sont données par des frottis transparents à la gamme colorée restreinte (ocre, rouge, bleu). La finesse de la matière dévoile un graphisme affirmé. Couture met en oeuvre les préceptes de son traité, affirmant le rôle du dessin préalable à toute peinture, qui vient sur une couche préparatoire bistre, mise en évidence dans cette oeuvre par les analyses du laboratoire des Musées de France (2009). Une série d’oeuvres préparatoires, présentées auprès du grand tableau, montrent la mise en place progressive du sujet. Pourtant, l’ensemble s’apparente à une esquisse, elle n’est pas vernie. Endommagée pendant l’occupation de la propriété de Couture par les Allemands en 1870, elle a fait l’objet d’une restauration fondamentale car elle avait été criblée de coups de baïonnette dissimulés par de nombreux repeints qui avaient viré.