Historique
Cette œuvre provient de la famille senlisienne Duflos pour laquelle Séraphine fit des ménages à partir de 1910 (Körner, p.32) : c’est probablement la plus ancienne de ses œuvres conservées, la seule peinte à la gouache rehaussée d’or sur papier et fixée sur une illustration pieuse qu’elle a encadrée d’un bleu céleste. Ce fond renvoie à l’inspiration chrétienne de la jeune orpheline, recueillie et employée comme domestique pendant vingt ans à partir de 1881 au couvent des sœurs de la Charité de la Providence à Clermont-de-l’Oise. Les fleurs apparaissent dès les débuts créatifs de Séraphine. Elle revisite ainsi une thématique convenue qu’elle a pu rencontrer sur des tableaux des intérieurs bourgeois où elle travaillait. Elle a peut-être peint d’après nature ces quelques fleurs des champs dont les tiges passent à l’arrière d’un vase rouge à points, à la perspective curieusement chahutée. On reconnaît aisément le myosotis, les boutons d’or et le gerbera. La technique de Séraphine rappelle la façon dont les enfants dessinent : elle a d’abord esquissé au crayon les contours des fleurs avant de les colorier en aplat. L’occupation totale du support annonce les oeuvres plus tardives, de même que le traitement des feuilles de coquelicot, mais la gaucherie de l’ensemble ne sera plus de mise ensuite.