Philippe de CHAMPAIGNE - La fuite en Égypte © Ch. Schryve

Philippe de CHAMPAIGNE - La fuite en Égypte
1650-1660
Huile sur bois
H. 0,581 ; l. 1,337 m
Inv. A.00.6.47

Ce tableau a sans doute été peint pour l’appartement de la régente Anne d’Autriche au couvent du Val-de-Grâce, au moment de la reprise des travaux par Philippe de Champaigne (Bruxelles, 1602 ; Paris, 1674) après la Fronde. Peintre officiel de la Cour dont il est le portraitiste attitré, Philippe de Champaigne travaille pour le cardinal de Richelieu et le roi Louis XIII.

Selon l’Évangile de Matthieu (II, 13-15), Hérode, roi de Judée, apprenant la naissance à Bethléem du « roi des Juifs », aurait ordonné la mise à mort des enfants de la ville âgés de moins de deux ans. Prévenu par un ange, Joseph décide de fuir en Égypte avec l’Enfant et sa mère.

Champaigne représente cet épisode de la fuite en Égypte. La Vierge, enveloppée d’une large draperie bleue et montée sur un âne, serre dans ses bras l’Enfant emmailloté qui joue avec une mèche de ses cheveux. Joseph, vêtu d’une draperie orange et d’une tunique lilas conduit l’âne par la bride. Ils s’apprêtent à passer un gué. L’épisode s’inscrit dans un cadre paisible, en lisière d’une forêt sombre. À l’arrière-plan figure un paysage baigné d’une lumière crépusculaire. Un sentiment de grande sérénité émane de cette œuvre.

Le bleu est symbole de fidélité et de pureté. Pour les peintres, c’est la couleur la plus belle et la plus chère de leur palette. Ce ton paraît d’autant plus vif dans le voile de la Vierge qu’il est associé à l’orange du vêtement de Joseph, sa couleur complémentaire. Philippe de Champaigne excelle dans le rendu des carnations. La profondeur du paysage est suggérée par un subtil dégradé chromatique. Cette peinture a subi un changement de format. Le support de bois a été réduit d’une trentaine de centimètres dans sa partie supérieure. On comprend ainsi pourquoi seuls les troncs imposants des arbres de l’arrière-plan sont représentés et non leurs feuillages.