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Emm. et Godefroy JADIN, Maison de l'empereur. La vénerie, 1852-1870

VE.2022.2.1_06©Musees-Senlis

JADIN (EMM. et GODEFROY)

Maison de l'Empereur. La Vénerie, 1852-1870.

Texte et dessins par Emm. Jadin, d’après ses propres études et les dessins et croquis de son père, Godefroy Jadin, peintre de la Vénerie

Paris, Goupil & Cie éditeurs-imprimeurs ; Manzi, Joyant & Cie successeurs

1905

Maison de l’Empereur. La Vénerie, 1852-1870, un livre rare

Cette splendide publication de 1905 sur la vénerie de Napoléon III a été tirée à cent exemplaires, les dix premiers sur papier japon et les quatre-vingt-dix suivants sur vélin. Elle regroupe onze planches dont neuf en couleurs, fac-similés des pastels originaux d’Emmanuel Jadin et deux en camaïeu. Chacune de ces planches est protégée par une serpente légendée (papier fin servant à protéger les gravures). Tous les exemplaires ont été livrés dans un emboîtage en maroquin vert, dont le 1er plat est orné de la reproduction d’un des pastels de l’ouvrage, Au Bois - Saint-Germain, été 1853. Camus, premier valet de limiers à cheval, est représenté en pied faisant le bois accompagné du limier Concordant, marqué au flanc d’un double V.

L’exemplaire conservé au musée de la Vénerie porte le n°43. Ch.-J. Hallo, conservateur du musée à partir de 1935, y a fait figurer une note manuscrite sur les conditions de son acquisition : « Ce livre donné au Musée par M. Boissonas a été en juin 1940 percé par un éclat d’obus. Il se trouvait dans une vitrine dont le verre a été cassé. La pluie a laissé de nombreuses traces sur les feuillets. ». L’ouvrage est miraculeusement complet.

Dédicacé au Prince Murat, ami de vieille date de l’auteur et maître d’équipage du Rallye Chambly, Maison de l’Empereur. La Vénerie, 1852-1870 retrace avec une très grande précision l’histoire de la vénerie impériale du Second Empire, de sa formation en 1852 jusqu’à son démontage en 1870. Emmanuel Jadin décrit minutieusement la composition de l’équipage et du personnel, les costumes de chacun, la meute, l’écurie, les résidences (Fontainebleau, Compiègne, Rambouillet et Saint-Germain-en-Laye), les animaux de chasse, le déroulement de la chasse et de la Saint-Hubert. Il termine par quelques chasses remarquables de l’Empereur. Un appendice liste les états du personnel, titres et nominations, durant cette période.

Jadin père et fils

Emmanuel-Charles Jadin naît à Paris vers 1845. Il se forme aux côtés de son illustre père, le peintre Louis Godefroy Jadin (Paris, 1805-1882) avant de fréquenter l’atelier du peintre académique le plus admiré du Second Empire, Alexandre Cabanel (Montpellier, 1823 - Paris, 1889). Il expose régulièrement au Salon entre 1868 et 1912, d’abord des sujets orientalistes puis des scènes de chasse à partir des années 1880.

Pour les illustrations du livre La maison de l’Empereur. La Vénerie, 1852-1870, l’artiste reprend en partie des croquis et dessins de son père, Louis Godefroy Jadin. Remarqué pour ses grands décors à sujets cynégétiques ornant le Palais des Tuileries et l’Hôtel de Ville de Paris, Louis Godefroy Jadin est nommé en 1854 peintre officiel de la Vénerie impériale, au service de Napoléon III. Surnommé le « Raphaël des Toutous », il a pour rôle d’illustrer les chasses impériales qui restent un temps fort dans la vie de cour sous le Second Empire. Comme peintre de la Vénerie, il a un atelier au château de Fontainebleau. Il se voit notamment confier une partie de la décoration de la grande salle à manger des appartements Napoléon-III au Palais du Louvre. Malade à partir de 1865, Louis Godefroy Jadin est remplacé à cette charge par Gustave Parquet (Beauvais, 1826 - Paris, 1908).

La vénerie impériale

En mars 1852, Louis-Napoléon Bonaparte, Prince-Président, entreprend de remonter la vénerie de cour dans les forêts du domaine royal. Il investit le militaire Bernard Pierre Magnan, général puis maréchal, comme Grand veneur et Napoléon-Edgar Ney, futur prince de la Moskowa, comme Premier veneur - ce dernier deviendra Grand veneur en 1865. Le marquis de l’Aigle lui cède sa meute créancée dans la voie du cerf.

L’équipage s’installe d’abord à Fontainebleau, avec 40 chiens. La première chasse a lieu en novembre, en présence de la comtesse de Teba qui deviendra l’Impératrice Eugénie. À partir de 1853, la Vénerie s’établit à Saint-Germain où la meute est portée à 100 chiens. Puis les déplacements au fil des saisons entre les quatre résidences impériales devenant difficiles à gérer, l’équipage découple tous les cinq jours d’octobre à février en forêt de Fontainebleau et de février à octobre en forêt de Compiègne (Saint-Germain est abandonné en 1859 et Rambouillet en 1864).

La présence de l’Empereur est rare lors de ces chasses. À peine a-t-il chassé soixante fois en dix-huit ans. Napoléon III suit les laisser-courre lors de grandes occasions, lorsque souverains étrangers ou invités princiers sont présents.

En 1870, à l’approche des Prussiens suite à la défaite de Sedan, les hommes sont licenciés, les chevaux donnés à l’armée et les chiens abattus. Il en est alors terminé du faste et de l’éclat du dernier équipage officiel.