Auteur

Dates de l'auteur

Titre

Bague dite de Saint Hubert

Datation

18e siècle

Matériaux et techniques

alliage cuivreux, crocs et verroteries montées en bâte

Dimensions

Dia. max. 0,026 m ; Dia. intérieur 0,021 m

Inscriptions

Lieu de conservation

Musée de la Vénerie

Statut

propriété de la commune ; Senlis ; Musée de la Vénerie

Numéro d'inventaire

L27

Historique

Entre histoire et légende Saint Hubert est connu pour être le saint patron des chasseurs. Mais l’hagiographie est plus complexe qu’il n’y paraît et chez lui comme chez tant d’autres, la légende et l’Histoire s’entremêlent volontiers. Hubert serait né au VII ème siècle. Il est le fils de Bertrand, duc d’Aquitaine, qui l’envoie pour servir le roi de Neustrie, Thierry III . Il arrive ensuite en Austrasie, à la cour de Pépin d’Herstal, dit le Gros, où il s’adonne à sa passion, la chasse. Un jour de Noël ou peut-être un Vendredi saint de l’année 683, alors qu’il court ardemment un grand cerf dans la forêt des Ardennes, Dieu apparaît dans la ramure de l’animal : il lui enjoint de renoncer à cette passion dévorante et de se rendre auprès de saint Lambert, l’évêque de Tongres-Maastricht pour devenir à son tour un saint homme. Voici la légende du chasseur impénitent qui se voit rattrapé par Dieu. L’Histoire est moins riche, car les textes anciens ne nous renseignent que modestement sur la vie de saint Hubert. Il est le disciple de Lambert à qui il succède en tant qu’évêque, peut-être en 705. Il transfère ensuite les reliques de son maître à Liège et avec elles le siège épiscopal. Il continue également sa mission de christianisation à travers les Ardennes. Quand il meurt le 30 mai 727, il est d’abord inhumé dans sa ville de Liège où il est élevé saint en 743. Ce n’est qu’en 817 que son corps est transféré dans l’abbaye d’Andage qui devient alors l’abbaye de Saint-Hubert, une riche et prospère congrégation religieuse. Il semble assez clair aujourd’hui que la personne d’Hubert a été confondue avec différents personnages dont saint Eustache. La vision du cerf crucifère est en effet racontée dans la legenda aurea de Jacques de Voragine, dans le récit sur Eustache, général romain, canonisé au Vème siècle. L’amalgame entre les deux saints remonte probablement au XVème siècle. C’est à partir de cette époque que le thème de la rencontre avec le cerf se développe dans l’iconographie de saint Hubert. Le guérisseur de la rage En dehors de la chasse, l’aspect le plus important de la vénération envers saint Hubert porte sur son rôle de thaumaturge. Comme de nombreux saints, il a la capacité de soulager ceux qui souffrent de différents maux, notamment la rage, infection virale extrêmement grave. La rage a la particularité de toucher aussi bien les animaux que les hommes et elle se transmet par morsure ou par léchage. Elle attaque très rapidement le système nerveux et conduit inexorablement à une mort atroce pour le malade et son entourage. Avant que Pasteur trouve le vaccin en 1885, il est assez facile d’imaginer comment toute une population fortement christianisée se tourne avec ferveur vers un saint qui a la réputation de la sauver de ce fléau. C’est en sa qualité de thaumaturge antirabique que saint Hubert devient un saint si populaire et c’est certainement aussi pour cette raison que les chasseurs ainsi que les forestiers directement exposés aux chiens mais surtout aux loups et aux renards se mettent sous sa protection. Selon la croyance populaire, pour échapper à cette maladie, une fois mordu, il faut se rendre à l’abbaye de Saint-Hubert, dans les Ardennes. Sur place, les abbés procèdent à un rituel particulier, la taille. Ils pratiquaient une incision dans le front du malade et y glissaient un fil d’une étole sacrée. Cette dernière aurait été tissée par la Sainte Vierge et remise par un ange à saint Hubert. Le front était ensuite ceint d’un bandeau noir et le « patient » devait pratiquer une série de rituels durant une neuvaine. Pour les enfants non communiants et ceux non mordus jusqu’au sang, il existait une autre pratique parfois déléguée aux personnes taillées : le répit, un traitement moral et d’attente qui préservait l’individu infecté pour une certaine durée selon les cas. LES BAGUES PROTECTRICES Depuis sa fondation au IXème siècle, l’abbaye de Saint-Hubert accueille de nombreux pèlerins qui espèrent guérir de cette terrible maladie ou s’en prémunir. Jusqu’en 1885 et même après, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui affluent et qui contribuent à la prospérité de l’abbaye. En parallèle, ceux qu’on appelle parfois les marchands de Saint-Hubert officient dans les foires et dans les villages. Ces colporteurs jusqu’au XIXème siècle, viennent vendre de nombreux objets de dévotion qu’ils transportent dans une case ouverte sur deux battants comprenant un petit autel. Diverses amulettes étaient proposées : des médailles de pèlerinage, des cierges, des chapelets ou des cornets. Le tout était normalement béni à l’abbaye pour apporter la protection à son porteur. Ils vendaient également des bagues, en cuivre ou en argent qui pouvaient être fabriquées à Saint-Hubert. Notre bague, en raison de son large diamètre, semble être faite pour un homme. Sur le châton sont sertis deux crocs de chien ou de loup ayant pour vocation de préserver des morsures d’animaux enragés. Sur les côtés, on peut également apercevoir deux clefs qui rappellent le rôle antirabique de cet anneau. D’après la légende, Hubert reçut de saint Pierre une clef d’or qui possédait le pouvoir de guérison. Pour guérir les animaux mordus, on avait l’habitude de mettre au feu des clefs ou des cornets et de les apposer sur le front de la bête. À partir de XVème siècle, il s’agit d’une relique très en vogue, qu’on retrouve jusque dans le Jura. Le culte de saint Hubert est toujours très présent dans le monde de la vènerie. Même s’il ne guérit plus de la rage, il apporte toujours sa légendaire protection aux chasseurs qui chaque début de saison organisent en son honneur des messes de Saint-Hubert.