Thomas Couture, La Commandite, entre 1860 et 1869 © I. Leullier

Thomas Couture naît à Senlis en 1815. Son père est artisan-bottier. Il a sept ans lorsque ses parents s'installent à Paris où les classes populaires trouvent des débouchés nombreux dans une ville en plein essor. Ayant montré très jeune ses aptitudes au dessin, Thomas Couture se forme d'abord à la "Petite Ecole", au conservatoire des Arts et Métiers, avant de rejoindre l'atelier du peintre Antoine-Jean Gros. Thomas Couture fréquente le Louvre où il acquiert une solide culture visuelle. Après avoir remporté le second prix de Rome en 1837, Thomas Couture échoue à obtenir le grand Prix. En 1840, il commence à figurer au Salon où il devient célèbre sept ans plus tard avec Les Romains de la décadence (Paris, musée d'Orsay). Thomas Couture ouvre alors un atelier où se forment de nombreux artistes français et étrangers, dont le plus célèbre demeure Édouard Manet.

Thomas Couture, La Noblesse, 1867-1877 ©Ch Schryve

Ses talents de portraitiste sont recherchés et l'État lui commande une vaste composition, l'Enrôlement des volontaires (Beauvais, musée départemental de l'Oise). Sa renommée gagne les États-Unis où il expose dans différentes villes. En 1851, Thomas Couture commence la décoration de la chapelle de la Vierge, inaugurée en 1856, à l'église parisienne de Saint-Eustache. Il compose à cette époque des œuvres, comme Pierrot malade ou le Souper à la Maison d'Or, sur le thème de la Commedia dell'arte. Sous le Second Empire, Thomas Couture est chargé de peindre Le Baptême du prince impérial (Compiègne, musée national du Château). Toutefois ses relations avec le pouvoir s'assombrissent et Thomas Couture n'achève ni ce tableau, ni l'Enrôlement. Se sentant incompris, Thomas Couture quitte Paris en 1859 pour retrouver Senlis où il s'installe peu après son mariage. Un atelier est mis à sa disposition dans la chapelle du chancelier Guérin de l'ancien palais épiscopal, actuel musée d'Art et d'Archéologie. Dix ans plus tard, Thomas Couture acquiert une grande propriété bourgeoise à Villiers-le-Bel où il peint ses derniers tableaux consacrés aux musiciens italiens des rues. Thomas Couture y reçoit encore des élèves, principalement américains, pour des sessions estivales. Il s'éteint en 1879 et se trouve enterré au Père-Lachaise.

Chargée de références visuelles, la peinture de Thomas Couture est emblématique du courant éclectique qui trouve sa voie entre romantisme et réalisme dans les années 1840. Encore imprégnée de règles académiques, elle utilise le langage multiforme de l'allégorie pour exprimer la vision personnelle de l'artiste sur son temps, ce qui est nouveau. Malgré l'inachèvement d'un certain nombre d'œuvres, Thomas Couture possède une parfaite maîtrise de la technique picturale dont il livre les secrets à ses élèves dans son ouvrage, Méthode et entretiens d'atelier (1867). La place que Thomas Couture accorde à l'étude du modèle vivant et au dessin, matérialisé par le cerne qui marque le contour de ses figures, reste la preuve d'un ancrage dans la tradition, en même temps que son usage du mélange optique de coloris purs oriente sa peinture vers des horizons inédits. Artiste de transition, partagé entre les tendances contradictoires de sa personnalité et de son art, Thomas Couture demeure encore trop méconnu malgré l'unanimité qui est faite autour de son importance dans l'histoire de l'art au milieu du XIXe siècle.

Thomas Couture, Étude pour « Pierrot malade », entre 1857 et 1860 ©Musées de Senlis

Le musée d'Art et d'Archéologie de Senlis conserve un fonds important de dessins et tableaux de Thomas Couture, offerts par sa descendance, déposés par l'État ou acquis par la ville de Senlis.