Auteur

LOUIS Séraphine, SÉRAPHINE DE SENLIS (dite)

Dates de l'auteur

Arsy, 1864 ; Clermont de l’Oise, 1942 ; femme

Titre

Fleurs rouges sur fond vert

Datation

1920 entre ; 1925 et

Matériaux et techniques

carton (Peinture à l'huile (ripolin))

Dimensions

H. 0,22 ; l. 0,275 m

Inscriptions

S.b.d. : S.Louis

Lieu de conservation

Musée d'Art et d'Archéologie

Statut

propriété de la commune ; Senlis ; Musée d'Art et d'Archéologie

Numéro d'inventaire

A.2015.1.1

Historique

Séraphine commence à peindre vers 1905, mais sa première œuvre attestée (Fleurs dans un panier, conservée au musée d’Art et d’Archéologie de Senlis), est plus tardive, vers 1910. Les motifs de fleurs, de branches et de fruits constituent la thématique exclusive de l’art de Séraphine, peut-être issu d’un attachement particulier à la nature ou d’une rencontre avec une iconographie végétale croisée dans des livres ou des journaux. Peu de recherches se sont orientées vers les sources de son art, qu’elle pratique en autodidacte, mais avec une détermination qui lui permet de transcender les lacunes de son bagage culturel. La démarche de Séraphine s’inscrit dans l’un des courants forts de la création occidentale depuis la fin du XIXe siècle, qui vise à remiser les dogmes de l’art savant au profit des cultures « autres », exotiques ou populaires, dont les apports bouleversent les acquis des siècles passés. Après avoir découvert le Douanier Rousseau dans les années 1900, Wilhelm Uhde s’intéresse à une deuxième génération d’artistes autodidactes : Bombois, Vivin, Bauchant et Séraphine. Ces artistes ont en commun d’œuvrer sans savoir-faire académique. Séraphine s’en distingue par une psychologie déviante dont résulte une peinture tournée vers l’expression d’un monde intérieur, chargée selon Uhde de « confessions extatiques ». Fleurs rouges sur fond vert est caractéristique des petits formats des débuts de Séraphine. L’œuvre est inédite, jamais référencée jusqu’à présent, et provient d’une collection particulière. Le support, en carton, confirme l’inscription de l’œuvre entre 1920 et 1925, période durant laquelle Séraphine peint sur des matériaux pauvres de récupération (bois, pots de crème, boîtes à chapeaux, cartons à chaussures, boîtes de camembert, panneaux d’aggloméré…). La composition très naturaliste, la palette à la gamme réduite, la manière de créer des cernes épais de couleur sombre sur les pétales et les feuilles, le remplissage plus clair de ces éléments végétaux le rapprochent notamment de trois tableaux, Fleurs sur fond bleu (ca 1920, Bönnigheim, Museum Charlotte Zander), Fleurs (ca 1922, Musée d’art moderne de Genève) et Petites fleurs (ca 1925, ancienne coll. Mabille à Bruxelles, aujourd’hui coll. particulière). Sur ces deux derniers, il a été noté un usage mixte de peinture à l’huile et de ripolin. En cette année où le musée d’Art et d’Archéologie célèbre le 150e anniversaire de la naissance de l’artiste, ce tableau complèterait à propos le fonds senlisien en offrant un nouveau support à l’étude récemment entreprise par Marie-Odile Hubert, diplômée de l’Inp - département des restaurateurs, sur l’utilisation du Ripolin par Séraphine (thèse conduite sous la direction de Gilles Barabant). Comme elle le fait fréquemment, Séraphine utilise ici le Ripolin en plusieurs couches en créant des variations de couleurs qui contribuent par leurs irrégularités à donner au fond un aspect vaporeux. Le non respect des temps de séchage a provoqué des craquelures qui ajoutent un certain naturalisme dans la description du bouquet. Il faut sans doute voir dans ces imperfections une intention de l’artiste plutôt qu’un manque de maîtrise des techniques picturales.