Auteur

Fabrique de Commelles (Oise)

Dates de l'auteur

Titre

Cerf

Datation

13e - 17e siècles

Matériaux et techniques

terre cuite glaçurée

Dimensions

H. 0,125 ; l. 0,123 ; Ep. 0,038 m

Inscriptions

Lieu de conservation

Musée d'Art et d'Archéologie

Statut

propriété de la commune ; Senlis ; Musée d'Art et d'Archéologie

Numéro d'inventaire

A.2007.0.4.25

Historique

Carreau monté sur un lit de chaux mêlée de paille (probablement posé à l’étage) Du matériel conservé au musée d’Art et d’Archéologie et exhumé lors de la fouille archéologique du four de tuilier de COMMELLES en 1903, certains carreaux ont permis d’établir un pannel des productions de cet atelier du XIIIe siècle retrouvé dans le pavement de l’église abbatiale de CHAALIS, édifiée entre 1202 et 1219. Les productions bicolores, jaune sur fond rouge, présentent des motifs estampés, imprimés en creux sur un support en pâte rouge assez fine dont l’estampe est remplie de barbotine blanche. L’ensemble de la surface est ensuite couvert d’une glaçure jaune. COMMELLES : UN SITE DE PRODUCTION COMMELLES est sans doute une grange des plus extraordinaires qu’il nous ait été donné d’étudier. L’établissement agro-pastoral et forestier de COMMELLES se situe dans le creux de la vallée de la Thève. Son domaine s’étend sur les deux forêts de Chantilly, au nord, et de Coye, au sud. D’après la charte de fondation de l’ABBAYE DE CHAALIS, de janvier 1136, LOUIS VI LE GROS donne aux cisterciens des bois et des champs proches d’ORRY, préalablement achetés à Guillaume de Mello. La grangiam de Cumeles n’apparaît que le 24 février 1151, dans le privilège papal d’Eugène III. De nombreuses donations seigneuriales complètent le lot royal initial. Ce «centre de production» intègre une carrière, des fours à chaux, un four verrier, une pêcherie-vivier, hors de l’enceinte de la grange proprement dite incluant la forêt. Intra muros une porterie, un logement de convers, une bergerie et une tuilerie dotée d’un four tuilier du XIIIe siècle. DES TERRIÈRES AUX TUILES… La première mention de l’activité tuilière en ce lieu se trouve dans une charte de 1198, par laquelle JEAN, COMTE DE BEAUMONT, seigneur de Luzarches, permet aux frères de l’abbaye de prendre de la glaise dans ses terrières de Luzarches, pour façonner des tuiles. Cette industrie est en pleine expansion vers 1228, où l’usage des terrières est vendu à l’abbaye avec permission de disposer et de faire commerce des objets fabriqués. En 1406, la fabrique est louée à bail par l’abbaye à un tuilier. Son activité cesse définitivement quand le GRAND CONDÉ, devenu propriétaire en 1666, y fait installer une faisanderie. LE CLOCHER DE COMMELLES OU LA LANTERNES DES MORTS ! D’importants remblaiements font disparaître les fours et les ateliers attenants. Seule une structure pyramidale en belles pierres de taille, montée sur arcades, unique exemple de cheminée de four tuilier médiéval, est conservée intacte. Dans la première moitié du XIXe siècle, elle apparaît sous le nom de «clocher de Commelles» puis, devient en 1867 une «lanterne des morts», dénomination romantique qui cette même année permet son classement au titre des Monuments Historiques et sa conservation. Elle s’élève sur une hauteur de 10,40 mètres et forme un carré presque régulier de 5,55 sur 6 mètres dans l’oeuvre. La fouille de 1903, réalisée par E. DUPUIS et G. MACON, liée à des observations précises effectuées sur le terrain, permet d’en proposer une restitution. La partie inférieure du four (alandier, sole et ses deux rangées de onze travées en tiers-point sur lesquelles elle repose) a depuis disparu. D’après les sources écrites, les fours de COMMELLES produisent des tegulae, le terme médiéval recouvre à la fois tuiles de toit et carreaux de pavement. LE FOUR TUILIER DE COMMELLES À partir des données archéologiques de 1903, de l’analyse architecturale nous pouvons retracer les grandes étapes d’une cuisson à COMMELLES. Après avoir délayé l’argile dans des bacs de décantation proches, les carreaux sont façonnés et laissés à sécher le temps nécessaire à leur manipulation. À ce stade, ils sont acheminés à l’intérieur du laboratoire du four. Les carreaux sont disposés en quinconce et de champ sur la sole, de telle manière à laisser se répartir le plus uniformément possible l’air chaud lors de la cuisson. Une fois le chargement effectué, la fermeture des ouvertures en tiers-point de la cheminée est assurée par de matériaux réfractaires. Un revêtement d’argile est appliqué sur ses obturations temporaires. Le foyer est alors allumé et maintenu en température dans l’alandier appelé aussi bombarde. L’opération délicate de la cuisson puis du refroidissement du chargement et des structures dure environ six semaines. La fabrication de tuiles ou de briques à l’intérieur de ce four peut avoisiner par cuisson 10 à 15000 unités. Pour couvrir le toit en bâtière de la grange de VAULERENT, 146000 tuiles sont nécessaires. Il est facile, ainsi, de comprendre l’importance que revêtent les tuileries au sein des domaines économiques cisterciens. Pour l’histoire des techniques médiévales, le four tuilier de COMMELLES, daté du XIIIe siècle, est unique par la conservation en élévation de sa cheminée. Préservée dans un cadre naturel d’exception, cette ancienne grange de CHAALIS constitue un bel exemple de l’activité industrielle médiévale. FRANÇOIS BLARY Maître de conférences en Histoire et Archéologie médiévales Université de Picardie Archéologue de la Ville de Château-Thierry